Châteaudun 2023

Dimanche 14 mai 2023 : Châteaudun (28) et ses environs

Pour plus d’informations sur les sites visités, n’hésitez pas à cliquer sur les liens (en vert) ci-dessous.   

 

Dites 33 ! ou plutôt comptez 33 ! C’est le nombre de personnes qui embarquent joyeusement ce dimanche 14 mai à 8h30 précises à bord du car de tourisme piloté par Michel qui nous accompagnera de sa compétence et de sa bonne humeur pendant toute cette journée.

Direction Châteaudun en Eure-et Loir.                                       

La carte 

 

Première étape : les grottes du Foulon

Ces grottes naturelles, affouillées par le Loir, offrent une promenade géologique de 800 m sous le cœur même de la ville, presque à la verticale du château. Pour comprendre la genèse de ces grottes, il faut imaginer l’endroit au cours de l’ère secondaire sous une mer chaude qui recouvrait alors l’ensemble du bassin parisien. A la fin du Crétacé, soit vers 66 Ma (date correspondant à la chute de la météorite de Chicxulub au Mexique et à la disparition d’environ 75% des espèces animales et végétales sur la planète dont celle des dinosaures non aviens), la mer se retire progressivement laissant en place une épaisse couche de craie provenant de l’accumulation d’algues planctoniques et de fragments de coquilles d’animaux marins pendant les millions d’années précédents. C’est dans cette couche que la rivière s’est frayée ensuite un chemin laissant comme trace de son passage un important réseau karstique dont nous parcourons une petite partie au cours notre visite. Ici point de concrétions stalagmitiques mais une grotte aux parois aux parois blanches parsemées de rognons de silex et c’est là que l’on trouve les fameuses « géodes marines ». Vue d’extérieur c’est une masse sombre mais sous le marteau expert (et autorisé) du géologue l’intérieur dévoile une petite cavité tapissée de calcédoine et parfois de quartz qui resplendit sous la lampe de notre guide et dans laquelle on reconnait parfois la forme de certains coquillages. Mais ces grottes ont aussi été les témoins d’une importante activité humaine au cours des âges.  Les premières traces d’occupation (outils de silex de faciès acheuléen) remontent à la fin du paléolithique inférieur, soit environ 300 000 ans.  Leur histoire est ensuite liée à celle de la ville elle-même. Elles ont servi de carrière au Moyen-Age pour construire entre autres les fondations du château. Elles abritèrent des habitants lors du grand incendie du 20 juin 1723 qui ravagea la ville ou le 18 octobre 1870 lorsque soldats français et prussiens se livrèrent une bataille sanglante dans les rues de Châteaudun. Elles servirent également de champignonnières et l’armée allemande y entreposa des munitions lors de la seconde guerre mondiale. Notre visite terminée, regroupement général dans la grande salle baignant dans un éclairage féérique pour la traditionnelle photo de groupe.

 

Nous prenons alors la direction de Le Mée où l’auberge de La Maréchalerie nous accueille dans une grande salle dont la cheminée centrale et les immenses soufflets au mur attestent la destination passée de l’établissement et justifient son nom. Après un repas où le convivial le dispute au gastronomique, nous prenons la direction de Villemaury (à une dizaine de kilomètres au SE de Châteaudun)

 

Deuxième étape : le moulin de Frouville Pensier

C’est là que nous retrouvons Gilles Depussay, président de l’ASMFP (Association de Sauvegarde du Moulin de Frouville Pensier ). Le paysage environnant, familier aux Dourdannais, est typique de la Beauce,  vaste plaine de 600 000   hectares dont l’altitude moyenne de 140 m est quasi constante  et qui est dépourvue de rivière, les quatre seuls cours d’eau (tels la Conie voisine) étant des résurgences saisonnières de la gigantesque nappe phréatique.  Dans cet environnement totalement dégagé (défriché dès le Néolithique) et battu par le vent, l’idée d’en exploiter la force paraît naturelle mais ce n’est pourtant qu’à la fin du 12e siècle que les croisés rapportèrent en Europe occidentale la technologie des moulins à vent, utilisée depuis des siècles en Perse. La Beauce fut alors couverte de centaines de ces moulins qui étaient, sous l’ancien régime, l’apanage des seigneurs locaux. Celui qui nous intéresse, construit initialement en bois, fut détruit par un incendie en 1822. Voilà ce qui arrive quand le meunier s’endort et que son moulin va trop vite… Il fut reconstruit dès 1825 par un parlementaire orléanais (Anselme Crignon d’Ouzouer) mais en pierre cette fois. Les moulins de pierre sont plus grands, plus puissants, moins susceptibles de brûler… mais beaucoup plus chers que leurs voisins de bois. Pour fonctionner un moulin doit obligatoirement avoir l’axe de ses ailes positionné face au vent. Pour ce faire la toiture circulaire, posée sur des rails, tourne autour de l’axe central, et peut être manœuvrée par deux ou trois hommes en poussant sur une queue de bois qui descend jusqu’au sol. La visite de l’intérieur nous permet de découvrir en détail la mécanique de fonctionnement, les multiples essences de bois plus ou moins dur adaptées à chaque fonction, les céréales exploitées et de pénétrer un peu dans la vie quotidienne des meuniers. L’utilisation opérationnelle du moulin fut stoppée au début du XXe siècle par une loi favorisant les toutes nouvelles minoteries. Il fut alors délaissé, tomba petit à petit en ruines et ne dut sa renaissance qu’à la création en 1982 de l’association de sauvegarde et aux efforts assidus de cette poignée de passionnés (à la suite de Gilles Depussay et de Daniel Accault,  maître d’œuvre de la toiture et de toutes les pièces en bois) qui œuvrèrent sans relâche pour le remettre en état. Leur acharnement et leur souci constant d’exactitude historique fut récompensé par l’attribution de plusieurs prix nationaux. Mais point le plus important pour un moulin : IL FONCTIONNE et produit régulièrement une petite quantité de farine vendue sur place au profit de l’association.

La visite menée par notre hôte, enthousiaste et d’une culture encyclopédique dans le domaine,  fut extrêmement enrichissante pour chacun. Pour en retrouver les meilleurs moments  et avoir plus d’informations n’hésitez pas à cliquer sur  la vidéo jointe.

La vidéo

 

Troisième et dernière étape l’abbaye du Bois à Nottonville

Nous arrivons devant un ensemble de bâtiments regroupés autour d’une cour centrale qui ressemble plus à une de ces grandes fermes beauceronnes que nous connaissons bien qu’à l’image traditionnelle d’une abbaye. Nous sommes accueillis par la propriétaire des lieux qui nous entraine à sa suite et fait nous fait découvrir le site et son histoire. Il s’agit en fait d’un ancien prieuré qui dépendait au Moyen-Age de l’abbaye bénédictine de Marmoutier près de Tours. Il servait à abriter et protéger les moines qui venaient collecter les dîmes, cet impôt médiéval dû au clergé et correspondant au dixième de la production agricole locale. La première trace écrite remonte à 1078, date de la donation par Evrard, vicomte de Chartres, de ses possessions de Nottonville à l’abbaye.   L’ensemble du site est entouré d’une haute muraille, on y pénétrait par un pont-levis pour franchir les fossés comblés aujourd’hui, puis  par un imposant portail fortifié, flanqué de deux tours rondes percées d’archères et arquebusières (une entrée moderne plus vaste a été aménagée ans la muraille opposée). A l’intérieur de l’enceinte, plusieurs bâtiments remarquables retiennent notre attention. En tout premier lieu la « grange dîmière » qui servait (par définition) à entreposer les dîmes très souvent versées en nature. Ce qui frappe en entrant c’est le volume imposant de 40 m sur 11 m pour une hauteur de 18 mètres (sur trois étages aujourd’hui disparus). La charpente en châtaignier et les immenses poutres transversales contribuent à l’aspect imposant de l’endroit. Autre édifice intéressant :  le colombier, vaste tour cylindrique qui trône fièrement au milieu de la cour. En pénétrant à l’intérieur on remarque immédiatement le nombre important de boulins, révélateur de la richesse de l’abbaye. En face un bâtiment d’époque Renaissance servait de logis aux moines. Le lieu disposait bien évidemment d’une chapelle aujourd’hui détruite. Petite curiosité pittoresque : on retrouve ça et là  au cours de la visite de nombreuses maquettes (en bois ou en allumettes) représentant des édifices religieux résultat pour chacune de centaines d’heures de travail (dont celle du prieuré du Bois).  Aujourd’hui le lieu est le siège d’une exploitation agricole principalement dédiée à l’élevage caprin. Le fruit de la production fromagère commercialisée sur place n’a pas laissé insensible les visiteurs du jour et chacun est reparti avec son petit sac rempli de buches, pyramides, crottins ou autres faisselles….

Pour plus de renseignements vous pouvez consulter la vidéo de l’intéressant exposé de Mme Pousse, la propriétaire du site. Quelques « incidents techniques » dans la prise de son en ont malheureusement tronqué une partie.  

La vidéo