Le 3 avril 2020,
nous aurions dû découvrir le village de Sainte-Mesme dans le cadre de nos marches mensuelles, malheureusement l’épidémie de Covid-19 et les consignes de confinement sont passées par là.
En remplacement nous vous proposons une :
Visite « virtuelle » de Sainte-Mesme
organisée par Mauricette PETIT
Nombre d’habitants : 939 hab. en 2017
Nom des habitants : Saint-Mesmins
Toponymie : Le nom de Sainte-Mesme vient de la légende de Sainte Mesme contée ci-dessous. Pendant la révolution française tous les villages portant le nom d’un saint ont été débaptisés et Sainte-Mesme est devenu temporairement Bruyères-les-Fontaines. Le village a repris son nom quelques années plus tard.
Coutumes : Une tradition ancestrale voulait que lors de la fête de la Sainte Catherine, les garçons aillent offrir des galettes aux jeunes filles et aux notables de la commune. Ils pratiquaient également « le tir à l’oie ».
La légende de Sainte Mesme et de Saint Mesmin
Maintenant, je vais vous conter la légende de Sainte MESME et de son frère MESMIN qui a donné le nom du village, en empruntant les recherches et écrits du père Frédéric GATINEAU, historien de l’Essonne.
Maxima (Mesme) était la fille d’un roi païen dénommé Rex Dordanus. Elle connut la nouvelle religion par le témoignage d’un petit esclave employé dans la domesticité et, malgré les menaces de son père, elle continua dans sa foi. Elle se retirait près d’une fontaine pour y faire ses prières afin que son père ne s’en aperçût pas. Rex Dordanus, son père, très contrarié que sa fille eut abandonné le culte des idoles, lui ordonna d’abandonner sa religion (d’apostasier). Malgré les belles promesses, les flatteries puis les menaces, Maxima tint ferme. Flagellée, elle reçoit de nuit la visite du Christ qui la réconforte. Le lendemain, elle sort de sa prison fraîche comme une rose ; les bourreaux sont troublés. Son père, obstiné, ne voulut rien entendre, sauf les mauvais conseillers qui réclamaient le sacrifice de sa fille. C’est son propre frère Mesmin (Maximin) qui fut chargé de la besogne. Le crime eut lieu non loin de l’habitation paternelle. La jolie fontaine lavoir, en face de la mairie, marque l’emplacement du martyre. On s’y rendait jadis, le 7 mai, en procession. Elle est décorée d’un touchant groupe sculpté figurant le martyre de la sainte par la main de son frère, le glaive a disparu. L’eau de la fontaine avait la réputation de guérir les fièvres et les maux de tête.
Son frère Mesmin se convertit également, après avoir fait pénitence. Il vint se retirer comme ermite près d’une autre fontaine située dans le premier chemin à droite en prenant la route montant vers Corbreuse. Cette fontaine est à sec. Un ancien m’a expliqué qu’il y avait une procession annuelle pour implorer Mesmin afin de guérir les fièvres. La coutume voulait qu’on laisse des petites croix autour de cette fontaine.
Auguste Maquet
Continuant la balade, nous voici virtuellement sur la place de la Mairie qui a été baptisée Auguste MAQUET le 22 octobre 2011 lors d’une cérémonie officielle accompagnée de mousquetaires.
Qui est Auguste MAQUET ?
C’est un écrivain et dramaturge né en 1813 et décédé le 8 janvier 1888 dans le château de SAINTE MESME dont il était propriétaire. Il y a vécu de 1864 à 1888. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise.
Oui, mais encore ……
Il a écrit : « La Belle Gabrielle », « La Maison du Bonheur », « Le Beau d’Angennes » ; je pourrais vous citer davantage de romans, mais, si vous êtes comme moi, je ne les ai pas lus.
Si je vous dis « Le Chevalier de Maison-Rouge », « La Dame de Montsoreau », « Les Trois Mousquetaires », « Le Comte de Monte-Cristo », etc.. vous allez me répondre, mais c’est Alexandre DUMAS qui en est l’auteur.
Eh oui ! … mais non ! pas tout à fait.
Alexandre DUMAS a utilisé de nombreux « nègres »(1) dont Gérard de NERVAL, Paul MEURICE et de nombreux autres écrivains dont Auguste MAQUET (la photo ci-contre montre DUMAS et MAQUET).
Auguste MAQUET, professeur d’histoire recherchait les personnages historiques (il était un fouilleur d’archives) en enjolivant leur vie, pour les faire vivre dans ses romans.(2)
Alexandre DUMAS exigeait de MAQUET une page d’un roman par jour pour la recopier. Il trouvait que MAQUET avait une écriture « fade ». DUMAS donnait de la couleur, du mouvement à l’écrit de MAQUET et démarquait ses œuvres.(3)
MAQUET était très prolifique en écriture et DUMAS a reconnu qu’en 2 ans, ensemble, ils ont écrit 42 volumes et pour les principaux :
- Les Mousquetaires 8 volumes
- La suite des Mousquetaires 10 volumes
- La fille du Régent 4 volumes
- La Reine Margot 6 volumes
- Le Chevalier de Rouge Ville 3 volumes
Alexandre DUMAS était un bon vivant avec un train de vie mirifique et il oubliait très souvent de rémunérer MAQUET. DUMAS a même fait faillite et s’était réfugié en Italie où ses créanciers ne pouvaient pas l’inquiéter.
La collaboration entre les deux acolytes s’est mal terminée et MAQUET a intenté plusieurs procès à DUMAS dont il a été débouté pour certains.
Mais DUMAS, très malin, a émis une lettre publique pour dire qu’il renonçait à tous droits de propriété et de réimpression sur certains ouvrages écrits ensemble comme « Les Trois Mousquetaires », « La Reine Margot », « Le Comte de Monte-Cristo ».
Alexandre DUMAS meurt à DIEPPE chez son fils le 5 novembre 1870.
Bien installé à Sainte-Mesme, Auguste MAQUET continue d’écrire et y meurt le 8 janvier 1888 (voir acte de décès ci-contre). Alexandre DUMAS fils était présent à son inhumation au cimetière du Père-Lachaise.
Dans sa bibliothèque à Sainte-Mesme, Auguste MAQUET avait fait relier un exemplaire des « Trois Mousquetaires » en maroquin rouge et lettres d’or :
LES TROIS MOUSQUETAIRES
par
DUMAS
et
A. MAQUET
Pathétique revanche…
Un film sorti en 2010 a évoqué MAQUET, au titre de « L’autre Dumas ». Auguste MAQUET est interprété par Benoit Poelvoorde.
Une pièce de théâtre créée en 2003 sous le titre « Signé Dumas » évoque également la confrontation entre les deux hommes, avec Thierry Frémont dans le rôle de MAQUET.
Pour avoir plus de renseignements sur la vie de Maquet, vous pouvez rechercher sur Wikipédia ou d’autres sites.
(1) Nègre : personne qui prépare ou rédige un travail littéraire, scientifique ou artistique pour autrui.
(2) Exemple : d’Artagnan a existé mais pas les 3 autres mousquetaires.